LA TEMPERA à l'oeuf :

C’est une émulsion naturelle constituée de pigments purs en poudre et d'un médium à base d'oeuf. L'oeuf est l'élément essentiel du liant émulsionné avec les pigments.
Cette technique de la Tempera sur des supports de bois (et quelques fois en réhaut sur les murs) fut d'usage courant durant tout le Moyen Age jusqu'à la fin du XVème siècle, date à laquelle, elle fut supplantée par la peinture à l'huile. Jusqu'à Jan van Eyck, peintre flamand, portraitiste réputé du début du XVe siècle, les peintures sont préparées à base de pigments et de jaune d'oeuf. C'est lui qui met en place la technique de la peinture à l'huile qui était connue depuis l'antiquité mais qui n'était pas stabilisée.
La Tempera fut redécouverte au début du XIXème siècle.
Le jaune d'oeuf est un médium simple et doux respectant la fraicheur des couleurs. Avec le temps, la peinture se durcit, s’améliore puis devient insoluble et se conserve parfaitement dans une atmosphère sèche. Dans la détrempe à l'œuf, l'huile (surtout présente dans le jaune) ne s'évapore pas mais s'oxyde ce qui rend la peinture insoluble à l'eau, à l'essence et à l'alcool après séchage. Ainsi, elle donne des couches picturales irréversibles et d'une rare stabilité. Après l'évaporation de l'eau, très peu de liant subsiste dans la peinture terminée. Cette particularité produit un effet optique d'intensité et de profondeur. La Tempera a donné naissance à de nombreux chef-d'oeuvres mais reste néanmoins difficile à travailler.
C'est une peinture qui se prête mal au dégradé, c'est pourquoi on travaille davantage par le jeu des transparences, on joue alors sur le rapport pigment / liant, la dilution et la superposition des couches. D'un pouvoir couvrant remarquable, la peinture "a tempera" convient parfaitement à l'application des glacis.

Le glacis est une technique qui, par la superposition de fines couches légères translucides de peinture ou de vernis, produit un fini lumineux. Du fait que l'on doive laisser sécher chaque couche de couleur avant d'appliquer la suivante (environ 1 mois de séchage par couche), cette technique exige beaucoup de patience si l'on tient compte du fait qu'une peinture est généralement composée de 4 à 6 tonalités.
Le glacis est un des procédés d'expression par excellence de la peinture a l'huile. Dès le XVème siècle, les peintres (notamment van Eyck) firent usage de glacis de couleur très claire appliqué sur un fond "a tempera ".
Le glacis permet d’intensifier une couleur, de lui donner de la profondeur ou de totalement la modifier.

L'œuf étant une émulsion maigre, celle-ci est donc employée particulièrement sur des supports bois recouverts d'une préparation maigre.
La surface rigide est la fondation, le soubassement du travail, ce sur quoi va reposer le travail et a besoin d’être préparée avant de recevoir la trace du pinceau.
Le support peut changer en fonction de l'hygrométrie, de la température, des évènements qui surviennent au tableau c’est pourquoi entre le support et la peinture, il faut placer une couche de préparation "l'encollage" qui permet à la peinture de bien se fixer au support.
Au bout de quelques temps, la peinture constitue une croûte rigide sur son support. C'est celui-ci qui la maintient.
Xavier de Langlais insiste sur la supériorité du support rigide: "L'admirable conservation de la plupart des oeuvres de la période médiévale, toutes peintes sur panneaux, doit suffire à nous convaincre de la supériorité des supports rigides".
La peinture à l’oeuf qui est une peinture souple et résistante adhère au support sans s’y imprégner, formant une espèce de carapace de surface qui pourrait s’écailler, se craqueler sur un support mou.

La peinture doit être entièrement sèche avant de pouvoir recevoir un vernis de protection. Si on ne respecte pas un délai de séchage suffisamment long, les couleurs se dégraderont, les pigments remonteront, et des craquelures apparaîtront... Souvent, il faut bien attendre 6 mois, un an avant de pouvoir vernir la toile.